Mardi 20 mai 2008
KAZAKHSTAN : Toré-Tam - Josali  ► 85 km

La chaleur, l'alimentation ou ... ? ont frappé. La journée s'annonce aussi chaude et pénible pour les plus fatigués.

Régulièrement, des convois d'anciens autocars français nous doublent. Probablement, des cars hors normes qui font l'affaire dans ce pays. Nous voyons le car SUMIAN, le car GRILLET ou de DAX ... La route gravillonnée ne nous épargne pas en secousses mais il n'y a presque plus de trous. Il fait bon rouler jusqu'à 10 heures du matin, après c'est la cuisson garantie et pas d'ombre sur des kilomètres. Beaucoup de crevaisons et toujours du vent de face qui n'arrangent rien. A midi, nous mangeons à l'ombre étroite d'un mur, les places y sont rares. Les derniers 20 km de l'après midi sont vraiment éprouvants et quelques uns ont malaise ou migraine. Il fait 41° au soleil, 32° à l'ombre.

C'est une autre version de lavabo avec réservoir plus grand mais l'écoulement est toujours dans un seau qu'il faut vider.

Mercredi 21 mai 2008
KAZAKHSTAN : Josali - Jalaghash  ► 95 km

Un départ à 7 heures est négocié avec la police pour le bonheur de tous, on peut rouler « à la fraîche » et arriver à l'étape avant les fortes chaleurs de l'après-midi.
Déjà, il en manque quelques uns ce matin, le changement brutal de température, la fatigue, les conditions sanitaires et de couchage n'arrangent rien pour les malades.
Les groupes sont de nouveau formés par couleur pour essayer de gagner du temps, par exemple en cas de crevaison seuls les cyclos de la même couleur restent pour donner la main, mais l'allure générale est ralentie par les malades, par ceux qui vont un peu mieux et qui reprennent le vélo après 1 ou 2 jrs d' « arrêt » et par ceux qui commencent à être moins bien.
Pour la pause de midi, on cherche l'ombre, la morsure du soleil devient difficile à supporter.

Le chameau change de fourrure.	Le paysage est moins aride, on traverse une zone humide avec des rizières et ses canaux d'irrigation.

Jeudi 22 mai 2008
KAZAKHSTAN : Jalaghash - Kizil-Orda  ► 82 km - déniv 150 m

On part à 7 heures, il fait frais, ça ne dure pas longtemps, la température augmente assez vite. Nous traversons une zone humide, le paysage est plus verdoyant, un peu plus d'arbres et de petits plans d'eau.

En approchant d'une habitation, le propriétaire est fier de nous montrer sa richesse : c'est ce puit, dans cet endroit loin de tout l'eau est le bien le plus précieux et notre hôte va spécialement puiser un seau pour nous offrir à boire de cette eau si claire et si fraîche, mais pas sûr qu'elle soit si pure pour nos estomacs « aseptisés » ... réponse peut-être ce soir. Dans tous les cas, nous apprécions le geste et çà nous permet de mieux connaître leur façon de vivre.

C'est le nettoyage de printemps ; De magnifiques tapis et couvertures en patchwork sont étendus. Une façon aussi de montrer sa richesse à son entourage.

Les Kazaks se déplacent peu en vélo voire pas du tout, les distances entre les villes et villages sont importantes. La voiture n'étant pas encore accessible à tous, l'un des moyens de transports très utilisé, c'est l'autocar, et on les trouve presque toujours bondés. Certains de ces véhicules datent de l'ère soviétique, avantage énorme ici au regard de l'état des routes, ils sont indestructibles, confortables ? ça c'est une autre affaire !! Les voitures, ce sont soit de vieilles Lada soit de superbes 4x4 flambants neufs. Depuis Tore Tam, l'état de la route nationale s'est nettement amélioré, la circulation devient un peu plus dense, et les Kazaks roulent vite, il nous faut être très prudent. A l'entrée de Kizil-Orda, la « DDE » locale a planté des branches d'arbres pour signaler les bouches d'égout manquantes ; cette louable intention nous est spécialement destinée, le matin même ces pièges n'étaient pas balisés ... dixit nos accompagnateurs en véhicules qui ont dû faire preuve d'une grande vigilance.

Vendredi 23 mai 2008
KAZAKHSTAN : Kizil-Orda - Jour de repos

Aujourd'hui c'est relâche mais tout le monde s'affaire à entretenir son vélo, aller au cyber-café ou faire la lessive.
Certains, comme moi, vont chez la coiffeuse : coupe + couleur + brusching = 9 ?

La ville a été la capitale du Kazakshtan de 1925 à 1932. Il y reste de beaux bâtiments dont un théatre, la ville semble plutôt bien entretenue et le centre ville très animé.

Visite du souk, avec ses étals, ses tissus, ses couleurs, ses odeurs.

Depuis l'entrée au Kazakshtan, nous sommes accompagnés par Andréi, notre jeune interprète. Il est kazakstanais, c'est à dire né au Kazakstan mais de parents Russes et à ce titre, il n'a pas les mêmes droits (politiques) que les Kazaks pure souche. Il a 22 ans et c'est un petit génie. Il parle bien sûr kazak, russe, français, anglais et chinois. L'année dernière, il a gagné un prix organisé par l'alliance française d'Almaty et a pu venir en France. Il a fait des études musicales pendant 4 ans mais s'est vite rendu compte qu'il ne pourrait pas en vivre. Après les 5 semaines qu'il va passer avec nous, il part aux états unis pour améliorer son anglais et poursuivre ses études d'interprète. Il souhaite intégrer la Sorbonne pour suivre les cours d'interprétariat de conférences internationales et politiques ou sciences du langage. Il est d'une gentillesse et d'une disponibilité sans égal. Pour notre plaisir, ce soir il nous interprète du Chopin, du Mozart et quelques morceaux de piano plus contemporains dans le théâtre de la ville, une merveille pour les oreilles.

Samedi 24 mai 2008
KAZAKHSTAN : Kizil-Orda - Shiyelli  ► 130 km - déniv 180 m

La journée s'annonce chaude et longue. Le thermomètre affiche 41° à midi. A partir de 11 heures, la voiture balai s'arrête régulièrement au bord de la route et nous distribue de l'eau pour boire ou nous rafraîchir, un coup de chaud est vite arrivé.
Nous devinons des formes de montagne et le paysage est plus verdoyant.

	Une famille fabrique des moellons en terre de façon artisanale.

C'est la terrasse, le coin repos, l'endroit où l'on cause, peut-être aussi où l'on dort la nuit ; le plancher surélevé est recouvert de tapis ; toujours à l'ombre, il y fait frais et on y est protégé des reptiles... Ce soir, nous dormirons dans un camp de jeunesse.

Dimanche 25 mai 2008
KAZAKHSTAN : Shiyelli - Jangargorghan  ► 78 km - déniv 270 m

La barre des 7000 km est franchie ... On est plus près de Pékin que de Paris. Maintenant, pour les Kazaks qui nous interrogent, le fait de venir de Paris en vélo les impressionne plus que le fait d'aller jusqu'à Pékin.

Nous roulons ce matin avec un vent favorable, malheureusement la situation change dès que nous nous engageons sur la piste qui conduit à notre hébergement. Là, les rafales de vent et de sable ne nous épargnent pas.
Heureusement, un pique nique copieux suivi par une bonne sieste à l'ombre (fraîche dans ce coin de désert) sous les arbres de ce camp de jeunesse construit dans une oasis, nous fait un peu oublier la galère de la piste.

Et puis chacun s'occupe à envoyer ou lire ses SMS ... c'est la fête des mères.

Ce soir la soupe est cuite dans un grand chaudron chauffé au feu de bois, et l'eau est puisée dans le puits, une autre époque. Dans ce camp, la cuisine est très rustique, aucun confort. Pour nous servir la soupe, ils sortent la vaisselle neuve des cartons, achetée ou empruntée à l'occasion de notre passage.

D'une manière générale au Kazakstan les repas (petits déjeuners et dîners) sont copieux et riches ... pour les estomacs qui peuvent le supporter : une assiette de crudités, une assiette de charcuterie de pays, une assiette de riz ou de pommes de terre coupées en morceaux ou en purée (de la vraie) qui baignent dans la graisse avec de la viande ou un oeuf sur le plat, une galette de pain, le tout arrosé de thé ou de café le matin, toujours accompagné d'une soupe pour le dîner.
Les amateurs de tartine pain beurre confiture miel, n'ont pas l'estomac ou l'appétit pour avaler certains plats locaux et s'achètent de quoi se nourrir « à la française » et peut-être aussi s'éviter les désagréments de la tourista.
Jusqu'à aujourd'hui, avec un peu de vigilance, on a réussi à passer les épreuves du feu et il faut que ça dure jusqu'à Pékin.

Lundi 26 mai 2008
KAZAKHSTAN : Jangargorghan - Turkistan  ► 128 km - déniv 300 m

Le retour par la même piste est beaucoup moins pénible, le vent est favorable (c'est-à-dire qu'il n'y en a pas !) et la température est moins élevée, normal : il est 7h00.
Mais patience, sur ces 2 points ça se gâte à partir de 11h00.

Autre évolution, on se rapproche des massif montagneux ; la route nous offre des montées régulières. Nous prenons de l'altitude petit à petit, il y a quelques jours les GPS affichaient 35 m en dessous du niveau de la mer !! .

Après les rations du Dakar, les « bleus » essaient un départ façon Le Mans. Rassurez vous, il n'y a pas de victime ce coup-ci, ni de panne de démarreur.

Nous arrivons à Turkistan, deuxième ville du pays. Prospère, elle est en plein développement ; cette prospérité et cette croissance sont liées à son passé religieux, c'est un haut lieu de pèlerinage qui veut « rivaliser » avec La Mecque et attirer le plus possible de pélerins. Le Mausolée du XIVème siècle, est en cours de rénovation. Beaucoup d'hôtels et de maisons sont en construction.

Mardi 27 mai 2008
KAZAKHSTAN : Turkistan - Tortkol  ► 72 km - déniv 35 m

Etape courte qui doit nous permettre d'arriver en fin de matinée et de se reposer l'après midi.
Au hasard d'un arrêt, on « s'invite » dans un petit palais qui fait aussi restaurant. On s'installe sur la terrasse pour prendre le thé en plein air ; encore une fois, nos hôtes sont d'une gentillesse incroyable, ils nous ouvrent toutes les portes de cette magnifique demeure qui est aussi une exploitation agricole ; visite sans restriction de la maison, des serres, des jardins. Les échanges se font dans un anglais approximatif, autant de notre part que de leur part, les rires fusent et sont sincères.
Toutes les pièces en bois, colonnes, plafonds, etc., sont merveilleusement sculptées.

Nous sommes toujours en pleine forme ; Merci pour tous vos messages et surtout ne relâchez pas, il ne reste que 2,5 mois ; Nous poursuivons grâce à vous toutes et tous qui nous envoyez des pensées positives et des encouragements écrits ou verbaux.
Bon courage à vous tous également.

Le fourgon de l'expédition qui transporte nos sacs est en panne depuis dimanche. Le gros camion a dû le remorquer sur 300 km pour trouver un garagiste capable de changer l'embrayage. La pièce détachée est arrivée et le véhicule doit être réparé pour mercredi à Shimkent où nous arrivons tous. En attendant, tous nos sacs sont transférés dans un autre camion et inaccessible jusqu'à nouvel ordre.

Mercredi 28 mai 2008
KAZAKHSTAN : Tortkol - Shimkent  ► 95 km - déniv 500 m

Comme d'hab, départ de bonne heure, les kazaks sont aussi matinaux, les petits commerces de fruits, légumes, miel s'installent le long de la route.

Les transports en commun sont bondés, ici par des enfants qui sont en vacances depuis cette semaine, jusqu'en septembre.

Dans cette partie « désertique » du Kazakstan, on aperçoit de nombreux oasis, parfois on les traverse, et quelques rivières qui rafraîchissent bien l'atmosphère grâce à la végétation qui profite de cette eau et qui nous offrent de bien beaux panoramas ; on apprécie vraiment ces trop brefs instants.

Fini le plat pays, nous apercevons au loin la montagne enneigée.
La circulation est de plus en plus dense et bruyante à l'approche de Shimkent.

Arrivée et accueil à Shimkent avec gerbes de fleurs offertes aux cyclos. Le vélo club d'Annecy, presque au complet.

Jeudi 29 mai 2008
KAZAKHSTAN : Shimkent - Jour de repos

Nous logeons dans un hôtel grand standing **** qui réserve quelques surprises :
La première pour nos organisateurs qui apprennent que le prix a triplé depuis l'année dernière, ici un contrat de réservation ne justifie de rien.
La deuxième, c'est internet qui est à un prix exorbitant ( 10 x plus cher que le cyber-café du coin ) ce qui nous oblige encore une fois à chercher en ville, en plus les jeunes Kazaks sont en vacances et les cyber-café sont bondés.
Pour essayer de faire passer la pilule du prix de l'hôtel, un groupe folklorique anime le repas du soir et le patron se fend d'une tournée de vin Kazak, un verre pas plus...

Chaque jour de repos est mis à profit pour ouvrir l'atelier réparation/entretien des vélos. Claude GALVAIN notre mécano exerce ses talents devant l'hôtel ; il fait partie de l'encadrement de l'expédition et conduit aussi l'un des 2 camions.

Tiens tiens, Frossard çà nous rappelle quelque chose ! Jets d'eau rafraîchissants dans cette ville moderne qui compte 1 million d'habitants. Nous sommes frappés par le contraste entre le Kazakchamp et le Kazakville ; la pauvreté ou du moins le dénuement des populations qui vivent à la campagne comparé à la richesse qui s'affiche ostensiblement dans les villes. Shimkent fait partie de ces villes où la qualité de vie est au niveau des capitales occidentales. L'écart est flagrant rien qu'en observant l'état des routes, des rues et des bâtiments, mais aussi et surtout en observant la façon dont les gens vivent; les jeunes en particulier, simplement habillés à la campagne, sont fringués à la mode dès qu'on entre en ville. On y trouve les grandes marques de vêtements, les supermarchés sont flambants neufs et achalandés comme en europe. Le président Kazak a engagé son pays, 5 fois grand comme la France et peuplé de 15 millions d'habitants, dans un vaste chantier de modernisation, il veut transformer son pays suivant le modèle occidental d'ici 2030. Le Kazakhstan est riche grâce à ses importantes réserves de pétrole, mais pour l'instant le fruit de cet or noir n'est pas encore arrivé dans les villages de campagne, même à proximité des sites d'extraction. Le Kazakhstan a du pétrole mais n'a pas de raffinerie ; le pétrole est exporté brut, essentiellement vers la Chine, qui lui revend les carburants « consommables » et autres produits dérivés. Comme dirait l'autre, y a du boulot !!!

Vendredi 30 mai 2008
KAZAKHSTAN : Shimkent - Risqulov  ► 82 km - déniv 850 m

A la sortie de la ville, nous contournons un rond point, il y a bien longtemps que nous n'en avons plus vu ; quand on vous dit que la ville se modernise !!!.

Cette fois, nous sommes vraiment devant les montagnes enneigées, le paysage change totalement. C'est une région de cultures maraîchères, arbres fruitiers et d'élevage.

La tentation est trop forte devant tous ces fruits, abricots, fraises, cerises, pommes, noix ; le 1er étal on passe, le 2ème on regarde, le 3ème on hésite encore un peu et au 4ème on s'arrête. Il n'y a pas de balance, c'est par poignée !!. Le prix est bien sûr à la tête du client, pour nous ça commence à 200 pour finir à 100 Tingués, les suivants, ça démarre à 300 et ça finit aussi à 100 tingués ?! ... heureusement on peut négocier, mais on n'a rien trouvé d'autre à dix tingués ... que le rire des Kazaks et ça, ça vaut de l'or. Nous dormirons dans un centre de repos, à l'écart de tout, bien au frais. Nous nous risquons à un massage, bien agréable, quand c'est fini... 190 tingués = 1? .... au cours du jour.

Samedi 31 mai 2008
KAZAKHSTAN : Risqulov - Taraz  ► 103 km - déniv 500 m

C'est vraiment agréable de rouler à 7 heures ; à partir de 10 heures, le soleil devient brûlant mais l'avantage maintenant c'est qu'il y a de l'ombre sous des arbres.

Troupeaux de moutons gardés par un cavalier dans un décor grandiose.

Dans la journée, plusieurs types de végétation, du plus frais au plus aride.

Panneau qui rappelle que d'ici 2030, le niveau de vie ici doit être comme en Europe.

Ce soir, la municipalité nous invite à un spectacle sur la place publique contre la drogue.


Les ramoneurs ont vaincu le froid, la neige, la boue, vaincront-ils la montagne et la chaleur ?